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UNE CERTAINE LECTURE DE LA MALEDICTION ET DE L’ABSTINENCE POST-PARTUM CHEZ LES AFRICAINS : UN HERITAGE ANCESTRAL IRRATIONNEL LOURD, A INTEGRER DANS LA VIE ET DIFFICILE A SE DEPARTIR

« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Il y a souvent des phénomènes qui selon les lieux et les temps peuvent faire l’objet des interprétations différentes. Ce sont des situations souvent naturelles mais auxquelles la croyance populaire rattache une signification précise et qui autres lieux s’analysent de manière différente. Ici la vue d’un chat noir est un mauvais signe, là le chant d’un oiseau précis est un mauvais présage. Là encore c’est une colonne d’un genre particulier d’hyménoptères noirs qui annoncent un décès. Et, l’effectivité de la survenue de ces malheurs est d’une fidélité si déconcertante qu’on en a que faire du rationnel. Il existe d’autres phénomènes sociaux aussi complexes qui se sont intériorisés dans la mémoire collective de certaines cultures au point d’être pris avec des préjugés et rattachés à une mentalité de sous-développement pour d’autres qui pourtant créent des ravages dans les sociétés si on y prend garde : c’est le cas de la malédiction et de l’abstinence post-partum en Afrique. Vus sous un angle cartésien et scientifique, cela est risible à souhait. Mais faut-il en faire fi?

..LA MALEDICTION ET QUELQUES ELEMENTS DE SA MANIFESTATION EN AFRIQUE

Le mot malédiction vient du latin « maledicere » qui signifie maudire ; c’est l’action de maudire, d’appeler le malheur, appeler sur quelqu’un la colère divine, une influence fatale, néfaste. Pour beaucoup de croyants, la première malédiction survient à la création du monde, lorsque Adam et Eve, les premières créatures humaines de Dieu lui désobéissent et mangent le fruit défendu du Jardin d’Eden. En résultera la mort dont héritera l’humanité toute entière. Puis Dieu dit à Adam « Maudit est le sol à cause de toi.

C’est dans la douleur que tu en mangeras les produits tous les jours de ta vie » Genèse 3 : 17 les Saintes Ecritures. Puis suivra lorsque Caïn tuera son frère Abel par jalousie, la seconde malédiction qui survient quand Dieu s’adressera à Caïn « Qu’as-tu fait ? Ecoute ! Le sang de ton frère crie du sol vers moi. Et maintenant tu es maudit, banni du sol, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu cultiveras le sol, il ne te rendra pas sa force. Tu deviendras errant et fugitif sur la terre ». (Les Saintes Ecritures Traduction du Monde Nouveau Genèse 4 : 10-12). Depuis lors, le monde a connu à travers l’histoire, les sociétés et les individus bien des malédictions. Et il continue d’en connaître aujourd’hui encore ;

Avec la civilisation, avec le développement de la science et de la technologie, le phénomène de la malédiction semble méconnu dans certaines sociétés ou alors relégué à d’autres approches. Au point que quand on regarde le mode de vie de certaines sociétés, on a l’impression que la malédiction chez eux relève purement de l’esprit magico-religieux des autres sociétés à la mentalité de sous-développée et primitive.

Comment comprendre tous les excès qui ont cours dans la société occidentale. Comment comprendre cette crise morale qui caractérise celle-ci ? On ne recule devant rien. Les rapports entre parents et progénitures s’apparentent bien souvent à une compétition où tous les coups sont permis. Des fois, on n’hésite même pas à ôter sa vie à ce celui qui vous en a donné la vôtre pour les raisons d’héritage ou de succession.

Les disputes entre parents et enfants sont d’une tension et empreintes de tant d’agressivité de la part de ces derniers qu’on se croirait dans un pugilat verbal et qu’on se demanderait avec gêne si ici on connaît ce principe biblique qui recommande aux enfants d’honorer leurs pères et leurs mères. Le sentiment d’humanité vis-à-vis des autres suscite des interrogations inquiétantes.

Comble des combles, des biens mal acquis prospèrent tant et profitent tellement aux antennes de ces forfaits qui par leurs réussites deviennent  des références sociales, des valeurs avec lesquelles la société est appelée à compter, vivant leur nirvana jusqu’à mourir de leurs belles morts. Rien d’étonnant dès lors que ces crimes fassent école. Et que la mentalité tende à s’exporter en Afrique quand elle n’est pas importée par les Africains eux-mêmes. Seulement, l’Afrique c’est l’Afrique.

Ici, un géniteur est un géniteur, un père est un père, une mère, une mère. Si on l’oublie, mal vous en prend un jour. Et ce jour il sera trop tard ! Certaines attitudes, certains comportements certaines réactions proscrites ou non juridiquement, interdit non par la tradition, moralement incorrectes et gravés dans nombre des cas finissent par vous pourrir la vie en se retournant contre vous, les payant au prix fort. Un karma ?  Simplement les malédictions ! Une vie qui tourne en rond et au ralenti ; une vie où rien ne marche. Une impression de blocage ici ou là, tantôt systématique.

La difficulté à procréer ou quand cela est possible, une progéniture victime des tares inexplicables. Les peines à trouver l’âme sœur et quand cela se fait, un mariage des plus pénibles en quête d’un bonheur évanescent ou inconnu ; pour tout dire l’impression de l’acharnement du sort, tant est qu’on a l’impression d’être victime de la colère divine, de subir dans sa vie une influence néfaste, fatale. Cette fatalité peut aller jusqu’à la mort.

L’ABSTINENCE POST-PARTUM CHEZ LES AFRICAINS ET SES RAISONS..

L’abstinence post-partum est le fait d’arrêter tout rapport sexuel pour la femme pendant la période qui suit un accouchement. Originellement chez nombre de sociétés africaines, cette abstinence courait jusqu’au sevrage de l’enfant et même pouvait s’étendre jusqu’à une période de deux ans à la suite de l’accouchement de la femme.

C’était d’abord une méthode de planification des grossesses qui permettait de ne pas accoucher n’importe comment, qui rationnalisait en quelque sorte la venue d’un enfant succédant au précédent. C’était également un moyen de préserver la femme physiologiquement d’une part pour permettre à ses organes de récupérer à la suite d’un accouchement, mais d’autre part préserver tout son corps des risques des maternités multiples très rapprochées.

Cela était également bénéfique au bébé qui avait la chance d’être nourri au lait maternel avec tout ce que cela comportait comme avantage sur le plan nutritif sans négliger le côté de sa robustesse. La plupart du temps, dès l’accouchement ou à son approche la femme s’en allait dans sa famille d’origine, ou chez des parents quelconques ou même ceux du mari qui se trouvaient à un lieu assez éloigné de son mari afin que les deux ne succombent pas à la tentation de rompre cette abstinence. Il faut reconnaître aussi que comme toute chose qui présente toujours un visage manichéen, l’abstinence post-partum a quelques revers. Mais en général, sa rupture prématurée pouvait et peut même encore dans certains milieux aujourd’hui (surtout aux moyens financiers et médicaux défaillants)  être  fatale aux bébés.

..DES DONNEES SOCIOLOGIQUES AUX CONSEQUENCES IRRATIONNELLES MAIS EFFECTIVES DANS LA VIE DES INDIVIDUS..

Par delà les malheurs qui nous poursuivent à cause de nos propres actions et actes, les malédictions les plus commodes sont celles qui résultent de nos altercations avec nos parents, avec nos aînés, de leurs colères vis-à-vis de nous, des propos de malédiction qu’ils peuvent nous fustiger. En Afrique, le « verbe » d’un géniteur ou de la génitrice, d’un parent ou d’un aîné est toxique, d’un poison lent. Au fil des saisons qui se succèdent et des années qui s’enchaînent, un jour l’effet de cette toxicité s’en ressent. Aussi irrationnel que cela puisse paraître. L’homme est-il exclusivement un être rationnel ? Que non ! La part de l’irrationnel est une composante indéniable de sa vie. De l’ésotérique au métaphysique, il doit faire avec. Ainsi en est-il de cette malédiction. Peut-être ainsi en est-il également de la transgression du principe de l’abstinence post-partum qui quelques fois peut connaître  des assouplissements, mais qui ailleurs est une absurdité surtout dans les sociétés ou tout est passé au crible du cartésianisme de la raison et de la logique pure, de la science. On ne trouvera dans de telles sociétés aucune relation de cause à effet ou très peu et on sera loin de comprendre qu’on puisse dire qu’un nourrisson est mort parce que les deux parents (ou la maman) n’ont pu s’empêcher de s’abstenir sexuellement parlant (on dit avoir « traversé l’enfant »). Pour ceux enracinés dans cette culture cependant, le vécu quotidien des conséquences fâcheuses qui en résultent est tel qu’on ne badine pas avec. Encore que pour l’abstinence post-partum, quand il est transgressé et que des symptômes aient pu être tôt décelés, un traitement adéquat et efficace aura tôt fait de venir parer le malheur en perspective, quand on a tôt parlé ou avoué « l’ignominie » du fait, bien que courant le risque de se couvrir d’opprobre dans une société moins encline à la compréhension à ce sujet. Moins heureux est le sort d’un maudit. Venir à bout de la malédiction est encore plus difficile qu’il vaut mieux éviter d’en arriver là. D’où provient une telle force des choses ?

..UNE RESULTANTE DES PACTES OU DES RITES DES ANCETRES ?..

Peut-être faut-il aller chercher l’explication de cette force dans le caractère sacré du verbe, de la parole des ancêtres. Peut-être aussi leurs pratiques d’antan ont-elles pu conférer cette force à des choses qui leur sont chères. Pour ceux qui ont une idée des familles ayant des totems, ils connaissent de quelle force effective sont les interdits qui accompagnent souvent la vie des membres de ladite famille. Ils n’ont que faire du rationnel.

Comment ne pas voir enfin des probables ou possibles rites, pactes ou serments prononcés par les ancêtres, ou signés par eux. On sait que l’anthropologie est l’étude de l’homme et des groupes humains ; l’anthropologie culturelle, l’étude différentielle des croyances, des institutions, des structures sociales.

C’est tantôt ici qu’il faut chercher l’explication de la force à ces données aux conséquences irrationnelles mais effectives dans la vie des individus, tantôt la solution viendra de la sociologie en tant qu’elle est la science des phénomènes sociaux, qui a pour objet soit la description systématique de comportements sociaux particuliers soit l’étude des « phénomènes sociaux totaux », qui vise à interpréter tout fait social au sein du groupe dans lequel il se manifeste, et qui a pour méthodes l’observation (analyse objective, sondages statistiques, etc ...) et la constitution des modèles descriptifs. (Larousse)


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