C’est connu et souvent répété à souhait : la masse monétaire que reçoit le Mali de sa diaspora chaque année est supérieure au budget de son Etat. Et Dieu sait combien les ressortissants de ce pays d’Afrique de l’Ouest sont éparpillés ici et là, en Europe aussi bien qu’en Amérique et même d’abord en Afrique. Ce pays est l’un des principaux acteurs de ce qui est devenu aujourd’hui pour certaines politiques comme une calamité. Seulement, il suffit de regarder et d’observer qu’il est loin de détenir le monopole de contribuer à faire de l’immigration ce fléau mondial qui semble décrié aujourd’hui. S’il est un côté de la calamité qui n’est pas toujours aussi perçu, c’est celui dont souffrent ces pays même d’où partent les immigrants, qui perdent des bras et souvent des cerveaux dont leurs Etats ont tant besoin pour leur développement!
Qu’à cela ne tienne face à toute l’agitation qui anime certaines politiques de certains pays occidentaux concernant ce problème, face même à l’impuissance des pays victimes des dépeuplements dus au départ de leurs enfants (qui s’évadent dans la nature sans savoir si jamais ils reverront leurs terres et patries, et si jamais les pays pourront même en attendre un quelconque apport positif), un autre regard est à poser sur cet afflux de l’immigration particulièrement en Europe ou globalement en Occident ; comment capitaliser les énergies pour qu’une immigration effective profite réellement à ceux d’où l’immigrant est partie : son pays, sa région natale, son village et sa famille ? N’est–il même pas temps pour ceux qui s’en plaignent tant de cerner le problème d’une manière pratique et plus révolutionnaire?
DES POPULATIONS DANS LE DESESPOIR, LA JEUNESSE D’UNE GENERATION SACRIFIEE ET DE L’ESPOIR ASSASSINE DEVANT DES FLEAUX DESASTREUX COMME L’EGOISME, LA SORCELLERIE, LE SOUS–DEVELOPPEMENT, LA MALGOUVERNANCE
Il n’y a qu’à suivre l’actualité, il est presque banal aujourd’hui d’entendre sur des ondes, de suivre sur telle ou telle chaîne de télévision, ou de lire dans tel ou tel journal le compte rendu des drames des tentatives d’immigration qui se terminent dans la tragédie. Aucun moyen n’est épargné: le transport aérien, le transport maritime, le transport routier. Pourtant la gravité de la situation n’empêche pas de nouveaux aspirants à passer à l’acte.
Le besoin de survie
Là où les autres vivent, les jeunes africains quant à eux mènent chaque jour un combat dramatique, celui d’essayer de survivre une journée où on a eu la râce de trouver la moindre pitance est un véritable salut. Chaque journée à venir est appréhendée de manière cauchemardesque. La vie devient un stress permanent. Les jours se succèdent, les mois s’amoncellent, les années plus que pesantes. Les parents manquent des ressources pour permettre à leur progéniture de sortir de la déchéance sociale dans le gouffre duquel la société semble les noyer et les maintenir. Alors il ne reste plus qu’à suivre son instinct de survie.
L’absence de politiques déterminées d’assainissement des cadres des vies
Drôle de paradoxe, que celui des Etats africains noirs. Tout est pratiquement à faire chez eux. Ils ne manquent pourtant pas des ressources dont on ne sait pas véritablement si elles leur bénéficient de façon adéquate. Mais celles qui sont disponibles laissent pantois quant à leur utilisation.
Ce n’est pourtant pas qu’on ait pas conscience du mal. Séminaires et colloques présents de manière permanente dans leur actualité, en témoignent, mais l’observation de la conduite du quotidien de ces Etats ne laisse point de doute, il n’y a pas de politique déterminée d’assainissement.
Tous les cadres d’organisations juridiques mis en place ne constituent qu’un saupoudrage aux yeux. Face à tous les dysfonctionnements de l’administration et devant certes la complexité du pouvoir qui appelle la conciliation d’un certain nombre de facteurs et d’aléas, on ne peut cependant s’empêcher de constater qu’il manque de volonté réelle d’assainissement par delà les discours et la démagogie pour que la leçon soit assimilée et porteuse.
Pesanteurs du sous–développement et mal gouvernance
Les populations près de cinquante ans après les indépendances continuent de faire face à des pesanteurs telles que la sorcellerie, l’exode rural et d’autres maladies infantiles des indépendances. La déscolarisation a gagné en ampleur face à l’incapacité des parents à faire face aux exigences et responsabilités quotidiennes au point que les paroles d’un Premier Ministre chef du gouvernement du Cameroun en 1961 Charles Assale aux populations de sa localité dans la première décennie des indépendances (« Je plains les enfants des pauvres car demain ils risquent ne pas aller à l’école »), s’avèrent aujourd’hui de la véritable prophétie. Car seuls ceux qui sont nantis peuvent se permettre ce luxe. Quand bien même certains parents téméraires s’escriment à donner à leurs enfants la possibilité d’aller à l’école, ceux–ci ne tardent pas à démissionner ne voyant pas la finalité de celle–ci, noyés qu’ils sont par le désoeuvrement des diplômés de l’enseignement supérieur, dans une société où le mérite est loin d’être un facteur de promotion sociale. Alors que des raccourcis de toutes sortes semblent payer à l’immédiat et ouvrir bien des portes malgré le salaire de toutes les déviances qui en résulte.
La société est malade à un tel degré que les crimes d’une gravité inouïe sont perpétrés en toute impunité. Quand on vient agir ou mieux on affiche une velléité d’action, la situation est véritablement en putréfaction. Qu’on en juge : surfacturations et détournements des biens publics passent absolument inaperçus. Quelques actions d’éclat sont engagées contre quelques personnes pour impressionner la communauté internationale ici, pour faire plaisir aux bailleurs de fonds par là ou encore pour des raisons politiques. Pendant que d’autres nouveaux milliardaires viennent grossir les rangs du club discrètement ou avec bruits. De l’argent volé !
Quand on sait que pour utiliser un milliard, sans investir le moindre franc CFA, en dépensant chaque jour 500 000 FCFA, il faut 2 000 jours, pendant cinq années presque et demi (5,479 ans). Le même milliard dans les mêmes conditions de simple consommation sans investir le moindre centime en payant 100 salaires de 50 000 à 100 personnes, sera payé pendant 200 mois c’est–à–dire 16,66 ans. Pour 30 salaires mensuels de 100 000 FCFA, il faut 333 mois c’est–à–dire 27,75 ans. Que de familles pourraient trouver leur compte pendant leur vie ! Multipliez donc ce milliard et ces données par x fois. Et dire que des quidams multiplient les milliards des contribuables dans leurs poches n fois ! Imaginez donc si cet argent était investi !
Face à toutes ces misères, les plus courageux n’ont plus qu’une idée, partir de ces coins maudits. Quoi qu’il leur en coûte !
IMMIGRATION ET INTEGRATION DANS UN MILIEU OU LA SOCIETE EST PENSEE ET ORGANISEE RATIONNELLEMENT ; EN TIRER PROFIT POUR LE PAYS, LES REGIONS NATALES, LES VILLAGES ET LES FAMILLES SUR LE PLAN DU DEVELOPPEMENT
En général les pays d’accueil de l’immigration les plus sollicités bénéficient de plusieurs siècles d’organisation pensée et réfléchie. En plus, ce sont des milieux où des situations ne sont définitives, au contraire elles sont remises en cause de temps en temps, contribuant pour cela à améliorer le sort de l’homme dans son quotidien.
Autant la science est très avancée, autant la technologie fait des bonds prodigieux, autant le cadre normatif de la société s’arrime aux mouvements. Tout est fait pour que l’immigrant ou l’immigré trouve des conditions plus propices à son épanouissement en tant qu’humain, contrairement (il est honnête de le reconnaître), à ce qui lui était alors proposé dans le pays d’où il vient. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est parti d’ici pour explorer sous d’autres cieux ce qui ne lui était pas offert ici ou possible.
Devenu la plupart du temps une élite surtout dans le cadre restreint de son coin, c’est alors seulement une question d’ingéniosité pour l’immigrant ou l’immigré pour voir ce qui peut–être fait à tel ou tel niveau, comment cela peut–il se faire, que peut–il faire, que peut–il transférer et dans quel cadre ?
LA NECESSITE OU LE SOUHAIT DE LA SYNCHRONISATION DES SYNERGIES DU CRU ET DE LA DIASPORA POUR LA REALISATION DES OBJECTIFS ET PROJETS DE DEVELOPPEMENT VIABLES
Pour sûr, la vie dans les pays d’accueil n’est pas une sinécure, mais on a au moins l’avantage tantôt de la reconnaissance du mérite, de la compétence, tantôt la rétribution de l’effort fourni, rémunération du travail fait. Les chaînes de solidarité existent dans le cadre de l’assistance des nécessiteux. Toutes choses qui devraient contribuer au développement des pays, régions, villages et familles des immigrants et immigrés à travers l’action combinée de ceux–ci et de ceux restés au pays.
Sur un plan macroéconomique d’une part…
A tous les niveaux, l’immigration quand elle est consommée doit pouvoir bénéficier à ceux d’où l’immigrant est parti. Aussi bien au niveau national que dans le cadre régional ou sous–régional.
… La synergie entre acteurs de la diaspora et ceux du cru sur le plan micro–économique
Beaucoup d’immigrants et d’immigrés quand ils s’installent dans leurs pays d’accueil ont tendance à adopter les modes et le rythme de vie d’ici. Or une mission particulière leur est dévolue ; ils ont des responsabilités dont ils devraient assumer d’où ils sont partis. Il faut voir ces responsabilités ne serait–ce que de façon morale. Car ils devraient avoir constamment que c’est ce terroir qui leur a donné (ou à leurs ascendants) la vie et qu’ils lui doivent bien quelque chose, ils devraient songer chaque fois à cette main–d’œuvre et même bien souvent à cette ressource inestimable qui est la matière grise auxquelles leurs pays de départ doivent se priver.
Certes ils pourront quelques fois s’insurger et rétorquer que le pays a été défaillant dans ses missions pour leur épanouissement. Mais qu’ils retiennent ce proverbe boulou (une tribu et langue du Cameroun en Afrique Centrale) : « qu’importe la gale qui entoure le sein de la maman, l’enfant avec amour tètera ! ». Qu’ils songent aussi qu’on ne choisit pas ses parents, qu’on ne choisit pas ses origines. Les parents ont beau être extrêmement pauvres, ils restent les parents. Ceux grâce à qui on a vu le jour. Ceux qui étaient libres de ne pas vous donner cette chance de vie. Leurs responsabilités sont également économiques.
L’argent envoyé au pays la plupart du temps se contente d’assurer des dépenses de consommation ou de prestige. Ce qui est souvent quelque chose dans certains cas. Mais ce serait encore mieux si cet argent pouvait être orienté et canalisé dans les investissements productifs pour les actions de développement. Que de PME pourraient voir le jour. Que de partenaires pour la création et le montage des PMI pourraient être courtisés, invités à s’associer avec ceux qui ont des compétences, des idées ou pays et s’installer. Pourquoi des structures de micro–finances ne se multiplieraient pas autant que possible sur initiative individuelle d’un immigré ou d’un immigrant sur action collective de plusieurs associés immigrants ou immigrés en partenariat avec ceux ayant des arguments pour viabiliser les projets au terroir ?
Il y a même tant d’idées d’entreprises viables qui restent lettres–mortes ou pourrissent dans les tiroirs de leurs initiateurs faute de moyens ou face à des conditionnalités impossibles pour la majorité qui comme nous l’avons signalé plus haut, sont déjà en bute à tant d’écueils, leur subsistance et à leur survie, issus des familles extrêmement démunies, en quête à un premier emploi depuis près de deux décennies, pourtant ayant des arguments intellectuels, des capacités techniques et des potentialités managériales pour ménager et conduire leur entreprise avec succès. Mais hélas ! On ne prête qu’aux riches, car ce sont eux qui offrent des meilleures garanties. Peut–être détiennent–ils aussi le monopole de l’intelligence ou de l’esprit créatif. Ne peut–on pas mettre en place une banque des données qui accueillerait des projets et qui donnerait un coup de pouce aux promoteurs nécessiteux, mais à l’idée d’entreprise viable, au lieu de sortir de l’argent pour des projets qui n’ont de projet d’entreprise que de nom ou des fois fictifs simplement mais se trouvent financés grâce à des pressions diverses, ne rendant pourtant pas un service à l’économie nationale, à la croissance dans le coin et même aux villages et familles. Il y a tant à faire pour les immigrés et immigrants et pour ceux vivant au pays.
UN TRAITEMENT DE CHEVAL QUI REVOLUTIONNERAIT LA DONNE POUR CEUX QUI SE SENTENT ASSIEGES ET POUSSES DANS L’INSECURITE : LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
L’immigration fait tellement recette dans la politique interne de certains Etats, au point qu’on ne peut s’empêcher d’essayer de comprendre l’état d’esprit des populations qui se sentent assiégées et poussées dans l’insécurité. Le monde depuis quelques temps est devenu un village planétaire ; on est à l’heure de la mondialisation de la globalisation.
Plus que jamais, il sera difficile de barrer la route à l’immigration. Tout au plus peut–on la réduire à une portion congrue. Pour cela, les populations ont besoin des meilleures conditions de vie dans leurs pays. Les Etats étant défaillants, la croissance devrait venir du secteur privé, un secteur privé qui a besoin d’être fort. Comment ne pas chercher à retenir les populations dans leurs pays d’origine. Transférer la technologie au sud, permettra à coup sûr de créer des sociétés dans tous les secteurs des industries, ce qui aura pour conséquence de booster l’économie avec ce que tout cela aura également comme impact sur la vie des populations.
L’immigration peut ainsi être d’une certaine façon un stimulateur pour nos économies à tous les niveaux. Ce ne sont pas les compétences qui manquent. Ce ne sont pas les idées qui font défaut. Tout est question d’un choix judicieux de partenaires et d’acteurs.
Dans les familles, dans les régions, sur la plan national. Mais vivement qu’on transcende cet esprit nombriliste improductif qui consiste à envoyer de l’argent simplement aux membres de la famille qui au mieux des cas vont le dépenser à la consommation et en réclamer chaque fois à nouveau ou la plupart du cas s’en mettront plein les poches le dilapidant à des causes futiles créant des frustrations et l’explosion des familles. Qu’on pense un peu plus grand, un peu plus utile, car la lutte contre le sous–développement et l’extrême pauvreté passe également par le soutien à ceux qui peuvent plus.
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