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L’AFRICAIN ET LA FOI : LA DIFFICILE EQUATION DE LA CONCILIATION DE LA FOI CHRETIENNE OU MUSULMANE ET DE SA PERSONNALITE AFRICAINE

La foi du latin « fides » (qui signifie engagement, lien), est définie simplement comme la confiance en quelqu’un ou quelque chose. Philosophiquement c’est la croyance non fondée sur les arguments rationnels. Sur le plan religieux Larousse ajoute qu’elle est l’assentiment de l’intelligence à des vérités religieuses révélées qui oriente la pensée et l’action. On dira alors que c’est la relation qu’on entretient avec Dieu un être transcendantal en Lequel on croit pour le salut de son âme. Beaucoup de religions existent dans le monde c’est-à-dire un ensemble de dogmes et de doctrines, croyances et pratiques ayant pour objet les rapports de l’homme avec la divinité ou le sacré : citons l’animisme, le confucianisme, la taoïsme, le bouddhisme, le shintoïsme, le judaïsme, l’islam, le christianisme, l’hindouisme. Mais à l’observation, prédominent en Afrique, l’animisme, l’islam et le christianisme timidement toutefois les autres essaient ou tentent leur entrée.

L’islam et le christianisme plus répandus nous intéressent car l’histoire de leur pénétration dans le continent est intimement liée à l’histoire même de l’Afrique. Elles ont su s’imposer au point que fondamentalement pour un grand nombre des fils du continent, le salut passe par celui de l’âme au travers des deux religions (à eux doublement révélées bien que religions d’importation), sans pourtant se renier totalement car des relents de son essence primaire subsistent, quand il ne cherche pas simplement à se retrouver lui-même. Comment faire cette alchimie ? Comment résoudre cette difficile équation en conciliant sa foi de croyant et son attachement à un certain nombre de valeurs ancestrales ?

LA RECHERCHE DU SALUT DE L’AME PAR LA FOI EN UN DIEU UNIQUE ET CREATEUR COMME STIMULATEUR DE SA FOI DE CROYANT

La foi en une religion est souvent dans la plupart du temps un problème d’héritage culturel. On naît quelque part des parents issus de telle ou telle confession religieuse : ils nous éduquent dans cette école puis progressivement on y grandit, on s’y affermit devenant fervent défenseur des dogmes et doctrines qu’on nous aura inculqués. Ici, il s’agit de la résultante de l’influence parentale en général.

La foi peut être aussi la conséquence des influences personnelles dans la vie, dans un conflit avec soi-même dans la recherche de la vérité quant aux relations de l’homme avec la divinité, elle fait alors des prosélytes, et des fois même on assiste à une transhumance religieuse consistant à rechercher la vérité sans être satisfait en tentant à chaque fois une nouvelle expérimentation.

La Foi de l’africain en l’islam et le christianisme : des apports extérieurs révélés par l’Occident, des Religions importées d’Orient

Quand au contact des premiers occidentaux, l’Africain fait connaissance de la religion de Jésus-Christ, on ne peut pas dire qu’il ne connaît pas Dieu, ou mieux n’a pas conscience de l’existence d’un Etre Supérieur ou immatériel ayant des forces sur son être et son devenir. Toutes les langues africaines donnaient déjà une dénomination quelconque à cet Etre. Les différentes tribus Beti du Cameroun le désignent comme Zambe ou Meyenebôtô chez les Boulous, Zamba ou Ntondobe (chez les Ewondo), Zama (chez les Ntoumou et Fangs). Pour les Bassa c’est Nyambé etc. C’est dire que cette conscience ne naît pas au contact de l’homme blanc. On présume d’ailleurs que tel était le cas au moment de la pénétration de l’Islam intervenue beaucoup plus tôt, dans les autres endroits concernés.

On retiendra pour l’essentiel que l’Islam dont la Révélation s’est faite par Mahomet est fondée au VIIè siècle de notre ère. Le coran révélé à Mahomet par Allah (Dieu) est avec la tradition (sunna), le fondement de la vie religieuse et politique. Le dogme fondamental de l’Islam est un strict monothéisme. Cinq actes essentiels, les cinq piliers du musulman supportent la vie religieuse du croyant:

Qu’importe qu’ordinairement, on groupe en deux grandes familles les fidèles de l’Islam : les sunnites qui se veulent les représentants de la tradition, et les chi’ites, qui se réclament d’Ali, cousin et gendre de Mahomet, moins attachés à la lettre du Coran et de la tradition, toujours est-il que les adeptes de cette religion venue d’Orient croient en un Dieu Unique et exclusif. Une croyance qu’ils partagent avec les Chrétiens. Le Christianisme est l’ensemble des religions fondées sur la personne et l’enseignement de Jésus-Christ. Il naît au Ier siècle de notre ère. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est le Messie, fils de Dieu et Rédempteur de l’humanité. Sa Résurrection tenue par les Chrétiens pour un fait historique et un dogme, transcende en fait le domaine de l’histoire pour atteindre à celui de la foi, car elle est le fondement même de la foi chrétienne. C’est un Dieu monothéiste également autant que l’attestent quelques uns parmi les dix Commandements transmis à Moïse lui-même « je suis Jéhovah ton Dieu :

1er- Tu ne dois pas avoir d’autre dieux contre ma face
2ème – Tu ne dois pas te faire d’image sculptée

Tu ne dois pas prendre le nom de Jéhovah ton Dieu de manière indigne

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Il est sans équivoque quand il déclare à Moïse pendant cette communication « Je suis un Dieu qui exige un attachement exclusif »

C’est dire que l’Africain ira chercher le salut de son âme à travers deux religions importées qui lui auront révélé deux maîtres spirituels lui enseignant un message du Dieu Unique.

L’ambivalence de la personnalité de l’africain : sa culture à l’épreuve des religions révélées et assimilées

Certes l’Africain dans sa relation avec les divinités faisait dans l’animisme cette croyance qui attribue une âme à tous les phénomènes naturels, mais aussi dans le chamanisme (ensemble des pratiques magiques centrées sur la personne du chaman, prêtre magicien dont la fonction est d’entrer en communication avec les esprits de la nature, en utilisant les techniques de l’extase et de la transe). On ne peut même pas dire que ces croyances et pratiques soient disparues aujourd’hui. Mais en adoptant le Christianisme et l’Islam, l’Africain les a tellement assimilés qu’ils font une partie de sa culture aujourd’hui. Il a forcément perdu quelque chose de lui-même. Qui est-il aujourd’hui ? Un étranger à lui-même ? Un être emporté par un hybridisme auquel il essaie d’échapper dans une dernière énergie du désespoir ? En d’autres termes, comment vivre avec cette culture qui est la sienne originellement, tout en intégrant celle à laquelle il a adhéré qui lui a été révélé en provenance de l’Orient directement ou via l’Occident ? !

Juxtaposition, conciliation ou incompatibilité ?

          L’Africain a subi tellement d’influences que sa personnalité en a pris un coup. Il a dû supporter l’esclavage orchestré par les Berbères venus du Nord du continent. Il fera aussi avec la traite négrière à la faveur du commerce triangulaire Europe-Afrique-Amérique. Puis viendra la colonisation et le néocolonialisme aux lendemains des indépendances. Toutes choses qui n’ont pas manqué de laisser des séquelles sur sa personnalité. A cela il faut ajouter l’entrée des religions extérieures qui lui inculqueront d’autres valeurs.

Depuis la période des mouvements des éveils de conscience d’Aimé Césaire et des autres chantres de la Négritude, l’Africain a compris l’importance d’un devoir de préserver ce qui lui restait de culture. Depuis quelques temps, il a même poussé plus loin dans la recherche de son identité perdue.

 A l’heure de la globalisation, c’est d’une question capitale qu’il s’agit pour lui : croire sans renoncer à soi-même. Que des choses et pratiques étaient faites par nos ancêtres que nous avons abandonnées et qui pourtant lui seraient utiles aujourd’hui dans la recherche, comme la pharmacopée sur les plans médico-pharmaceutiques ; d’autres existent. Peut-être moins rationnelles.

La vie empirique met l’africain face à des problèmes et à des données aux solutions qui n’ont rien à voir avec le rationalisme cartésien. Partout les africains ont connu la technique de l’invisibilité qui consiste en situation de danger de disparaître de la vue de qui on veut quand cela est nécessaire. Elle a souvent rendu des services. Que dira-t-on des techniques de lavage qui consistent à purifier les aspirants contre des méfaits malfaisants de certains auxquelles de nombreuses personnes peuvent témoigner l’efficacité ? Les envoûtements des innocents sont monnaie courante partout dans le continent et des techniques pour en être préservé existent : celles pour en sortir aussi. Et pourtant ce n’est pas toujours qu’on en sort ou quand c’est le cas ce n’est pas toujours qu’on en sort facilement. Pourquoi donc ne pas chercher à éviter d’en être attaqué ? Beaucoup d’autres choses à l’observation du quotidien des Africains peuvent être citées ici. Chacun pourrait les rajouter.

La culture africaine a pourtant influencé d’une certaine façon la pratique de la religion. Dans les églises chrétiennes chacun peut observer l’introduction des instruments de musique africains dans la pratique des cultes. C’est dire que la personnalité africaine n’est pas forcément incompatible avec la foi de croyant. Il est donc question tantôt de les juxtaposer, tantôt de les concilier. Qu’on songe que le démon est révélé^même dans les deux livres saints. Donc il ne peut être nié. Qu’on songe aussi que tout ce que Dieu a créé, il l’a mis à la disposition de l’homme qui devrait faire usage pour mieux Le louer et pour Le glorifier. Juxtaposition ou conciliation, si cela contribue à ces desseins, pourquoi ?


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