LA DOT CHEZ LES BANTOUS ET EN AFRIQUE, UN SYMBOLE DE VALORISATION DU MARIAGE ET DE LA FEMME |
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La dot nous dit Larousse, est l’ensemble des biens qu’une femme apporte en se mariant ou biens donnés par les parents ou par des tiers en vue du mariage. Cela peut aussi être ceux apportés par une religieuse en entrant au couvent. Si nous la prenons dans le sens du mariage, on s’aperçoit que cette conception n’est pas tout à fait la même que celle qui a cours dans les sociétés bantous et africaines. Certes dans beaucoup d’entre elles, la famille de la femme qui vient de se marier s’organise originellement pour dire au revoir à leur membre et lui permettre par la même occasion d’avoir le poids dans la nouvelle famille dans laquelle elle est appelée à aller composer. Mais presque partout sur le continent africain on sait que c’est l’homme qui décide de prendre femme qui ira doter sa dulcinée dans les conditions prévues par les us et coutumes de la femme. La dot consistera donc selon les sociétés et les cultures en une offre des dons en nature ou en numéraire. La question suscite de plus en plus aujourd’hui un vif débat. La dot est devenue inutile quand on ne voit pas en elle tout simplement un obstacle sous prétexte qu’elle empêche ou retarde le mariage. Elle est pour de nombreuses filles scolarisées une chosification de la femme objet de vente. D’autres lui trouvent l’occasion d’étalage de la pauvreté de la famille de la femme à marier qui croit pouvoir se rattraper en cette circonstance en comblant certaines lacunes durant cette occasion. Pourtant, par delà toutes ces récriminations, la dot est d’abord un symbole de valorisation du mariage, mais aussi dans les cultures où il faut doter les femmes l’expression de la mise en valeur de celle-ci comme partenaires et actrices dans un mariage. |
L’ASPECT CULTUREL DE LA DOT : PERPETUATION DES TRADITIONS ANCESTRALES On ne fera pas une étude sur la culture. Mais qu’il soit permis de rappeler que la culture fait partie de la personnalité même des sociétés. Il n’y a pas de doute non plus que toutes les traditions ne sont pas toujours bonnes. C’est ainsi que certaines ont pu être abandonnées à l’exemple de celle qui consistait à inhumer le corps d’un chef ou de l’homme avec une ou quelques unes de ses femmes et même des esclaves ou des serviteurs pour croyait-on, lui permettre de continuer à vivre sa vie dans l’au-delà. Mais beaucoup de ces traditions sont positives sur un multiple plan. Et ce sont elles qui davantage contribuent à donner une âme à la personnalité culturelle d’une société. Et en tant que telles, elles méritent d’être préservées et consolidées. La dot, malgré quelques soucis du reste compréhensibles en ces temps modernes et de scolarisation avancée, est de celles là dont la perpétuation des traditions ancestrales s’avère comme une nécessité. Après tout, la dot est une pratique et une coutume qui élèvent l’homme quand il décide de se marier. LE MARIAGE SYNONYME DE MATURITE : L’HOMME EN TANT QUE MALE FACE A LA DOT A L’EPREUVE DE CETTE MATURITE C’est un fait indéniable, le mariage est loin d’être un jeu pour enfants mais une épreuve pour adultes. Par de là toutes les interprétations qui peuvent être faites de cette assertion une épreuve est faite d’écueils d’embûches face auxquels on peut se rétracter ou alors y faire face et aboutir à un échec ou à un succès. Ainsi l’homme qui franchit avec succès cette épreuve éprouve d’abord une satisfaction personnelle de soi et se sent ragaillardi, et cela doit pouvoir lui procurer une certaine sécurité qui le plonge dans une espèce de bien-être. Certains diront fièrement « ne dote pas une femme qui veut mais qui peut ». Il faut y voir peut-être le pouvoir matériel, économique ou financier, mais il faut y surtout lire la volonté, la détermination et le culte de l’effort. Toutes choses qui dénotent avec l’abnégation d’une certaine maturité ou d’une maturité certaines. Donc l’homme en tant que mâle prouve un peu cette maturité en entreprenant et en allant jusqu’au bout (comme un homme mur) d’une telle action. Cela ne contribuera-t-il pas également à le rapprocher davantage dans le cœur de sa dulcinée ? LA DOT OU L’EXPRESSION DE L’ATTACHEMENT A UN ETRE CHER : L’AMOUR N’A PAS DE PRIX Face à tous ces efforts, la femme ne comprendra-t-elle pas qu’on est prêt à tous les sacrifices au nom de l’amour que pour elle on a. Cela devrait également contribuer à la rapprocher de soi. On devient cher à ses yeux. C’est le signe du sérieux qu’on met dans la relation avec elle. La dot représente également pour sa famille qui doit la céder à d’autres, l’expression de l’attachement qu’on lui porte. Ce qui signifie que le désir n’est pas de s’en débarrasser au point de la céder à n’importe quel premier venu. Eu égard à toutes les fonctions qu’elle peut assumer ici dans sa famille : eu égard à toutes les peines qu’on s’est données pour faire d’elle cette personne désirable qu’elle représente aujourd’hui aux yeux de son soupirant. Qu’importe le poids des charges que sa présence peut encore coûter aux siens. L’amour et la fierté qu’on a pour elle et d’elle n’ont pas de prix. Et encore qu’elle n’est pas une marchandise à vendre. Il est question tout simplement que son proposé montre réellement qu’il en est attaché au point qu’il est prêt à offrir le ciel même si c’est lui qui est demandé dans la mesure du possible. LE MARIAGE ET LA DOT COMME LA COMMUNION DE DEUX FAMILLES EN SYMBIOSE Le mariage a souvent été d’abord entre deux personnes ou individus ; mais il est aussi l’union entre deux familles. Et cette union entre familles se manifestait à travers la dot. C’est ainsi que l’homme devait certes doter sa femme, mais dans bien des cultures, il ne le faisait pas seul. En général toute la famille y contribuait quand ce n’était pas tout le village. Et quand bien même l’homme était suffisamment muni pour supporter seul le poids de cette charge, toujours-est-il qu’il faisait mauvaise impression en se présentant seul, non entouré dans sa belle famille en cette circonstance. C’est pourquoi au cours de la cérémonie, sa famille aura face à elle également une collectivité de personnes répondant au nom de l’autre famille. Cela servait également de garanties qu’on remettait sa fille entre des mais responsables et que les couacs qui surviendraient dans la vie du couple trouveraient aussi une recherche de solution dans un cadre responsable. Bien plus loin, dans le cas du remboursement de la dot plus tard, la famille se mobilisait tout aussi. La dot venait donc sceller une communion et une symbiose entre les deux familles des aspirants avec plus tard dans les temps modernes l’acte d’état civil dont apothéose pourrait tout aussi être finalisé avec le mariage religieux. LA DOT COMME FACTEUR DE CONSOLIDATION ET DE PERENNISATION DE L’INSTITUTION DU MARIAGE C’est souvent certainement l’un des côtés de la dot et du mariage qui suscite le plus de plaintes. Car le poids de la dot était tel qu’on n’avait pas intérêt à voir le mariage se rompre, la perspective du remboursement de la dot étant elle-même dissuasive, et les deux familles parvenaient le plus souvent à concilier les deux mariés brouillés. Dans bien des familles de la mariée, le retour de celle-ci dans son village d’origine voyait souvent un des siens en l’occurrence son père ou son grand-frère la ramener dans son foyer, fut-ce manu militari. Il faut certes reconnaître que de nombreux mariages étaient scellés sans le consentement de la femme, mais dans le cas de celui-ci, la femme ne doit-elle pas faire preuve de sérieux dans son choix et dans sa décision de dire oui à un homme. Aller en mariage n’est pas effectuer un voyage à court séjour avec la perspective du retour. Et le mariage est loin d’être un jeu pour enfant, mais c’est une véritable épreuve pour adultes qui doivent l’entourer de toutes les conditions de réussite nécessaires. Aujourd’hui plus encore qu’hier, un engagement à la légère est difficilement pardonnable. Car lorsqu’on s’y est pris avec amour et responsabilité, bien des turbulences pourraient être traversées certes avec beaucoup de peines, mais en préservant le mariage qui est une institution sacrée et appelle sa pérennisation. Que le mariage cesse d’être une aventure comme il est sous d’autres cieux. On comprend dès lors que la dot en Afrique hier ou aujourd’hui ne doit pas être vue que comme une dévalorisation de la femme. Au contraire elle est même une valorisation des deux principaux acteurs du mariage à savoir le marié et la mariée c’est-à-dire l’homme et la femme, une valorisation de la famille et du groupe social auquel appartient celle-ci, une valorisation de l’institution même qu’elle représente. Peut-être devrait-on seulement la ramener à son juste milieu de symbole, l’adapter aux différentes conjonctures. L’abolir simplement est une autre affaire très grave. Il faut la comprendre comme une valeur culturelle de nombre de sociétés. Alors à bas les malentendus ! |
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