Page d'Accueil

L'EMPLOI EN AFRIQUE NOIRE, MALEDICTION OU FATALITE

Le problème de l'emploi en Afrique noire a dépassé le stade de la préoccupation et relève véritablement de la tragédie. Une tragédie personnelle vécue chacun individuellement, une tragédie familiale, sociale, nationale et internationale (à l'origine de l'immigration clandestine et appréhendée par l'occident en général et en particulier les pays de l'Union européenne dans leur ensemble. A titre individuel, ce drame est vécu comme une négation de soi comme Homme dans une société où on est appelé à assumer un certain nombre de responsabilités, plongé qu'on est dans une tension et un stress permanents ; on baigne alors dans un état psychologique nocif perpétuel qui vous emporte à petit feu. Sur le plan familial, elle est un danger réel pour la cohésion, l'harmonie des familles faisant voler en éclat l'unicité de cette entité. Au niveau social, c'est un véritable carter dont les ramifications sont à peine soupçonnables, sexualité précoce, irresponsable et déviante, démission et défaillance de la responsabilité parentale, amours et mariages intéressés, déliquescence des valeurs morales etc. A l'échelle nationale une implosion est à redouter à tout moment alors que dans sa dimension internationale, il faut gérer au quotidien des drames humains tels le sauvetage des naufragés en mer, des morts d'hommes résultant des voyages aériens clandestins, le rapatriement manu militari de ceux-ci, les rapports entre pays d'origine et pays d'accueil d'immigrants clandestins houleux, etc. Tout ceci est véritablement caricatural, mais malheureusement d'une caricature flatteuse et plutôt triste car la réalité vécue quotidiennement de ces drames est plus que tragique. Qu'on se le dise toutefois, à la défaillance des Etats Africains, il faudrait quand même reconnaître que les responsabilités sont partagées car comment comprendre que presque tous les Etats soient confrontés aux mêmes problèmes, n'y a-t-il que des incompétents pour gérer cette situation en Afrique noire ? N'y a-t-il pas  quelques nationalistes avec des meilleures intentions pour résoudre cette équation de l'emploi avec doigté ? La solution ne viendrait-elle pas de chacun et à tous les niveaux?

L'EVOLUTION DE L'EMPLOI EN AFRIQUE NOIRE, DU LENDEMAIN PROMETTEUR DES INDEPENDANCES A LA SITUATION PENIBLE DES AJUSTEMENTS STRUCTURELS : UNE DEFAILLANCE DES ETATS QUI COUVE UNE CERTAINE IMPLOSION SOCIALE

Lorsqu'au lendemain des indépendances, les Etats africains doivent suppléer à toutes sortes de carences liées au personnel, la perspective de l'emploi pour les scolarisés est si prometteuse que peu de gens ne s'imaginent  ce qu'il en sera après quelques décennies.

LE BESOIN CRIARD DE RESSOURCES HUMAINES AU LENDEMAIN DES INDEPENDANCES ET LES PROMESSES DE L'EMPLOI

Pendant la colonisation et la domination étrangère qu'a connu le continent, les puissances concernées avaient besoin de collaborateurs pour l'administration des territoires en question. Une formation scolaire rudimentaire était suffisante pour faire de vous le collaborateur de l'administration coloniale. A l'indépendance et au lendemain de celle-ci, avec l'immensité de la tâche, la tendance va se poursuivre. L'administration publique est la plus grande pourvoyeuse en offres d'emplois, mais plus que jamais, toutefois l'africanisation des cadres s'impose dans tous les secteurs des activités. Et même un peu plus tard dans la main d'œuvre ouvrière, un minimum d'études scolaires s'avère requis pour composer les équipes de production (en ceci  qu'il faut pouvoir communiquer avec ses collègues, et comprendre même la raison pour laquelle on est là).

La scolarisation devient un facteur de promotion sociale au point que ceux qui poussent plus loin dans les études sont assurés d'appartenir à la fine fleur des gouvernants et des administrateurs. Les autres se contenteront des tâches d'exécution à différents niveaux de l'échelle, qui dans l'administration publique, qui d'autres dans le secteur privé. C'est la mise en place d'un véritable culte du diplôme et d'une stratification de la société fondée sur le niveau d'étude. D'ailleurs avec un diplôme précis on est admis à quatre ou cinq concours de l'administration qui est alors privilégiée et on a que l'embarras du choix.

Les taux d'alphabétisation rivalisent alors avec les taux de scolarisation. Les universités sont débordées dans leurs capacités d'accueil et dans leurs moyens.

Entre temps, beaucoup d'eau ayant coulé sous les ponts, l'Etat qui a fait du chemin dans sa mission de construction nationale s'est tellement engorgé qu'il en est tout aussi essoufflé. La thérapie pour le relever vient de l'extérieur et principalement des bailleurs de fonds qui ont diagnostiqué la réduction du train de vie de l'Etat et les ajustements structurels des économies en préconisant entre autres le gel des recrutements, la compression des personnels… L'emploi en pâtit.

LES ANNEES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL DES ECONOMIES NATIONALES : L'EMPLOI, UNE GAGEURE !

Dans les années 80-90 les feux sont au rouge pour les économies africaines qui font recours aux institutions de Bretton Woods ave leurs lots de mesures drastiques et draconiennes sur le plan social. Le désengagement progressif de l'Etat au niveau de la production et la réduction de ses charges voit une grande partie de la population versée dans la rue. Les diplômés de l'enseignement supérieur sentent la flamme de l'espoir de leur vie presque anéantie ; la jeunesse se considère comme une génération sacrifiée. Presque tout le monde se déverse dans le système …..d (comme débrouillardise). Les quelques concours administratifs qui existent nécessitent parrainage ou monnayage contribuant à mettre en place dans les Etats des « républiques des cancres » car les méritants sont mis hors course malgré eux, que peut-on attendre dans ces conditions de rendement des promus ? A titre d'exemple : un étudiant avec une maîtrise en biochimie passe prétendument avec succès un concours de l'Ecole de l'administration, même s'il a pu passer une année d'étude en première année de Droit. Est-cil apte à passer ledit concours option administration publique alors que des titulaires d'un doctorat en droit public sont recalés la même année à ce concours quand on sait que le droit qu'il est sensé appliquer et faire respecter est si vaste qu'en une année d'étude il a à peine entamé son apprentissage et que ce droit est toute une technique que le titulaire du doctorat maîtrise mieux que lui. En deux  ans, il sera certes formé comme administrateur. Mais quel administrateur ? Inculte juridiquement parlant. Cela ne fait vraiment pas sérieux et c'est généralement comme cela l'inadéquation entre la formation et les concours réussis. En monnayant son premier objectif ne sera-t-il pas de  rentrer dans ses fonds au détriment des usagers. Bien entendu personne ne reconnaitra jamais que c'est de telle ou telle manière qu'il a été admis à ce concours. Pire dans les secteurs de production, la situation n'est pas au mieux ; népotisme trafic d'influence, corruption, tout est bon, rarement le mérite, pour accéder à un emploi aussi bien dans les secteurs publics ou parapublics que privés. L'initiative personnelle quant à elle est en but à un environnement des plus décourageants, et interpelle pourtant tous les différents acteurs à une nouvelle approche de l'emploi pour éviter une implosion sociale qui couve face à des Etats complètement défaillants.

LA NECESSITE D'UNE DYNAMIQUE NOUVELLE DANS LA POLITIQUE DE L'EMPLOI, L'INTERPELLATION DE TOUS LES ACTEURS POSSIBLES

        Il est loin le temps où les parents pensaient que passer avec succès un diplôme était la garantie de l'accès à un emploi sûr et certain. L'école, l'instruction et l'éducation sont revenues à leur mission première de donner à l'apprenant des arguments pour comprendre le monde dans lequel il vit, ce qu'il y vit et voit, et savoir saisir les opportunités qui s'offrent à lui en s'armant des arguments propices pour faire face à ce combat perpétuel qu'est la vie. Ces arguments et ces opportunités peuvent se tisser autour de l'administration publique ou privée, mais ils peuvent aussi se conjuguer autour d'initiatives personnelles dignes d'intérêt. Une révolution des mentalités s'impose de même que plus que jamais il est nécessaire d'être aménagé des cadres viables pour l'éclosion et la réalisation concrète d'une politique de l'emploi crédible et dynamique.

LA NOUVELLE ORIENTATION DES ETUDES SCOLAIRES ET ACADEMIQUES

        Plus que jamais l'orientation scolaire ne doit plus se faire au hasard. Chacun à un niveau doit pouvoir envisager ce qui l'attend en perspective en y intégrant la possibilité de s'insérer dans le secteur privé, en s'assurant également qu'on disposera des atouts intellectuels et techniques pour réunir les arguments nécessaires si éventuellement il fallait entreprendre à titre individuel une activité rémunératrice. Pour ce qui est de la politique des écoles de l'Etat, il devra la diversifier avec un accent sur la professionnalisation des enseignements et des travaux pratiques où stages qui plongent réellement les apprenants dans l'univers du secteur de l'enseignement qui lui est dispensé. Pourquoi par exemple l'enseignement des sciences agricoles ne serait pas introduit au niveau secondaire général avec la mise en place des champs scolaires productifs où les élèves s'initieraient et approfondiraient leurs connaissances dans le secteur tout au long de leur cursus, et dont la vente de la production participerait au financement des activités des établissements. Beaucoup de secteurs de la vie active pourraient être explorés dans le même esprit. De même dans l'enseignement supérieur. Mais cela demande à l'Etat de consentir à un énorme sacrifice en sachant que le développement et la croissance des économies passent par là.

L'AMENAGEMENT DES CADRES PROPICES A LA CREATION D'EMPLOI, A L'APPUI, L'ASSISTANCE AU SOUTIEN DES PROJETS VIABLES ET CREDIBLES

        Combien d'idées d'entreprises meurent étouffées dans la tête de leur auteur tout simplement parce qu'on sait qu'à cause de l'handicap financier, c'est de l'utopie même d'y penser ? Combien de projets croupissent dans les tiroirs faute de financement ou des conditionnalités de financement impossibles des fois même pour des personnes n'ayant jamais travaillé et donc par conséquent n'offrant pas la moindre garantie et dont pourtant le financement, l'appui, l'assistance et le soutien au projet donneraient des résultats probants ? Et ces idées d'entreprises et de projets couvrent tous les domaines des activités et pourraient en plus de booster l'économie nationale, rendre financièrement autonomes leurs auteurs et même créer des emplois pour les autres et contribuer à résorber le chômage et faire du travail qu'il ne soit plus ni une fatalité, ni une gageure.

        Seulement  pour cela des cadres propices doivent être aménagés et pour ceux qui existent, l'efficacité de leurs missions doit être renforcée afin d'éviter que celles-ci ne soient purement fictives ou ne servent en réalité d'autres desseins. Une volonté réelle doit être affichée dans ce sens se traduisant par une gestion dissuasive pour ceux qui prendraient la liberté de les distraire ou d'en redistribuer avec légèreté, on pourrait assister alors aussi à une explosion des P.M.E. et P.M.I. qui demanderait également un cadre incitatif d'investissement aménagé pour ceux qui ont déjà des moyens de création de celles-ci.

LE CONCOURS ATTENDU DES DIFFERENTS PROTOGONISTES A LA CREATION D'EMPLOIS

        Le détournement des biens publics n'a pas la moindre excuse et mérite d'être sanctionné avec la dernière énergie. Et si encore cet argent était investi dans le pays de manière à participer au développement des économies par la mise en place des structures de production et la création d'emplois, les auteurs de tels crimes pourraient bénéficier des moratoires afin de rembourser les sommes volées et des intérêts subséquents ; cela leur restituerait quand même un certain honneur dans leur dignité d'homme sans pour autant garantir leur impunité pénale. Peut-être aussi la société après un temps serait disposée à un peu plus de clémence vis-à-vis des auteurs de telles infractions. Quant à ceux qui ont légitimement et légalement gagné leurs fortunes, il n'y a pas non plus meilleur moyen de la fructifier et même de la garder qu'en la plaçant dans des investissements productifs qui participeraient à coup sûr à donner une impulsion à la politique d'emplois. La diaspora, les bonnes volontés dans les pays amis en partenariat avec les locaux, les investisseurs de tous ordres ne devraient pas être en reste de cette dynamiques bénéficiant dorénavant d'un cadre mieux aménagé, le même qui devrait profiter à un type nouveau des relations nord-sud et même sud-sud à travers le transfert de technologies.       

LE TRANSFERT FRANC DE TECHNOLOGIES : LE GRAND CATALYSEUR DU VERITABLE ENVOL DES ECONOMIES DU SUD ET SON INCIDENCE DANS LE DOMAINE DE L'EMPLOI

        L'Afrique est si riche en matières premières et reste pourtant toujours à la traîne pour ce qui est de son décollage. La nouvelle donne des relations commerciales internationales devrait pouvoir constituer une occasion pour elle de rationnaliser le choix de ses partenaires et tirer franchement profit de ses potentialités. Plus que jamais aucun pays du sud ne devrait continuer à être la chasse gardée de quelque puissance que ce soit. Au contraire, l'heure est véritablement venue où dans les échanges, doit se fonder une véritable négociation et chacun allant gagnant. Et l'Afrique doit mettre un point d'honneur dans ces négociations à accéder à la haute technologie, à la technologie de pointe. Différentes ressources existent dans différentes régions des Etats qui ont besoin d'une technologie appropriée quant à leur mise en exploitation. Il s'agit d'acquérir cette technologie où c'est nécessaire et de juste penser et recenser ce qui pourrait être proposé en signe de change. La moindre des technologies où qu'elle viendrait ne devrait pas être négligée. L'occident qui se sent submergé dans le contexte de la mondialisation et grâce aux accords de l'OMC devrait pouvoir faciliter ce transfert de technologie qui amènerait la création de multitudes d'emplois et contribuerait par ce à réduire à un pourcentage assez élevé l'immigration. Les nations émergeantes comme la Chine, l'Inde, le Brésil et autres seraient également d'un apport appréciable dans cette optique, à leur niveau ; fleuriraient des industries de fabrication des médicaments génériques, des succursales des montages d'industries diverses et pourquoi pas naîtraient de nouvelles industries en fonction des opportunités qu'offrent les différentes régions, les différents Etats.

        Comme quoi l'emploi en Afrique, même si on ne peut écarter les réalités anthropologiques des peuples, n'est pas qu'affaire de malédiction et de fatalité. Les Etats ont pêché par leurs défaillances et n'ont plus assez des ressources suffisantes pour offrir à leurs citoyens cet emploi. Le contexte actuel des relations commerciales internationales pourrait voir la donne changer. C'est la raison pour laquelle certains estiment que ce millénaire et pourquoi pas ce siècle pourraient être ceux de l'Afrique : à condition que chacun sache s'y prendre et y mette du sien. Alors seulement, l'emploi cessera aussi d'être une gageure. Assez d'égoïsme !


Page d'Accueil Copyright © 2007-2025, Culture Vive