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De même, tous s’accordent à reconnaître que c’est à la naissance, lorsque l’enfant était encore bébé qu’une personne de sa parenté préparait l’objet symbolique qui allait être remis à l’adulte plus tard. Cette préparation consistait à charger l’objet qui pouvait être une dent de panthère, une griffe, une coquille… Cet objet ainsi chargé allait s’accomplir au fur et à mesure que le propriétaire grandissait. Son action pouvait alors commencer. A la question de savoir où il restait pendant ce temps, il revient que lorsque l’auteur finissait le travail de chargement, il remettait l’objet–symbole à une personne qu’il jugeait digne de confiance. C’est cette personne qui assurait la garde jusqu’à l’âge adulte du propriétaire. C’est au gardien que l’auteur transmettait également les interdits que devait observer le propriétaire de l’akomeya/ékôma’a une fois qu’il entrera en sa possession. Il faut cependant préciser que dans la plupart des cas, le propriétaire en grandissant ne savait pas qu’une chose de ce genre lui était destinée, jusqu’à ce que le gardien l’estime assez mûr pour prendre son dû. C’est au gardien également que revient la responsabilité des dérapages observés à propos. En effet plusieurs familles Fang–Beti ont connu de graves dissidences internes, d’autres ont connu des morts, risquant l’éradication complète parce que l’akomeya/ékôma’a avait été remis à quelqu’un d’autre par le gardien. Cette erreur était terrible de conséquences. En effet, à part les querelles entre le propriétaire légitime et l’inconnu à l’akomeya/ékôma’a qui l’avait reçu, il arrivait souvent que l’objet disparaisse pour échapper aux disputes. Dans le pire des cas, il causait la mort partout autour de lui, à commencer par l’intrus qui l’avait « profané ». D’autres fois, c’’est le dépérissement de la famille que l’on observait. Et tous ceux qui étaient au courant de ce qui causait les dégâts ne demandaient qu’une chose : Que l’objet revienne au propriétaire. Des problèmes de ce genre, beaucoup de Beti–Bulu––Fang en ont entendu parler dans nos villages. Cela est en partie responsable de la perdition de ce pouvoir que tous s’accordent à reconnaître. Au cas où cet akomeya/ékôma’a parvenait sans heurts au propriétaire, ce dernier n’avait qu’une chose à faire : respecter l’interdit y relatif, qui pouvait être par exemple de ne jamais coucher avec la femme de son frère, ou une femme du village ou quelque autre interdit. Si l’interdit était rigoureusement observé par le propriétaire, alors l’akomeya/ékôma’a remplissait tout ce qu’il avait à faire. Et pour cela, il n’avait besoin d’aucune aide externe. Il faisait ce qui lui a été dit lors de sa confection. Si l’interdit était transgressé par le propriétaire, alors celui–ci connaissait l’échec, la disette, la mort…., et même l’objet pouvait disparaître pour toujours. Disons cependant que si le dépositaire de l’akomeya/ékôma’a la gardait bien jusqu’à sa vieillesse, au moment de sa mort, il remettait l’objet à un de ses enfants, de préférence un garçon s’il était déjà majeur, ou alors à une parenté qui devait remettre au choisi lorsqu’il atteignait la majorité. Beaucoup de nos informateurs nous ont affirmé qu’une femme à qui on remettait l’akomeya/ékôma’a pour elle–même ne faisait pas d’enfants, car elle devait être façonnée tel un homme. A la question de savoir si l’on pouvait encore faire d’akomeya/ékôma’a aujourd’hui, ils ont répondu par la négative, justifiant que les Fang–Beti sont devenus méchants, égoïstes, ont perdu le sens de la solidarité, du groupe. Car disent–ils celui qui était fort, riche, l’était pour tous, tout appartenait à tous. Toute chose que nous déplorons depuis nos premiers articles. N’ayant pas encore toutes les réponses aux multiples questions que soulève le sujet, nous avertissons nos lecteurs que cet article n’est pas clos. |