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La naissance d’un bébé est un moment d’une importance capitale dans la tradition éwondo. Car les premiers mots prononcés en direction du nouveau–né peuvent déterminer son destin. La tradition éwondo confère aux femmes un rôle capital en matière de naissance. Notons que ce sont les femmes qui ont la lourde charge de faire accoucher leurs filles/sœurs/nièces entre les bananiers. Ainsi c’est à elles qu’échoit la lourde tâche de déterminer le destin du nouveau–né par le biais des premières paroles prononcées à son endroit. Ces paroles diffèrent cependant selon qu’il s’agit de la naissance d’un garçon ou d’une fille.
Après la naissance d’un nouveau guerrier chez les Ewondo, si on veut qu’il soit aussi fort comme un chimpanzé ou dur comme un roc, on le lave dans une grosse marmite avec des écorces d’arbres sacrés doublées des os du chimpanzé. De ce fait le nouveau guerrier était à l’abri de tout choc corporel (fractures). Parfois il avait des lianes qu’on attachait sur ses poignets et ses reins. Une fois ces rites effectués, l’enfant pouvait grandir sans problèmes majeurs. La vaccination est une opération pratiquée chez les Ewondo sous la forme du blindage. Cette opération est dénommée le « mvenk » dans la tradition éwondo. Ce « mvenk » consistait à scarifier soit les pieds, les mains ou les joues de l’enfant afin de le protéger contre les sorciers et de même contre certaines maladies. A partir de l’âge de 7 ans, on préparait le jeune garçon à la circoncision. Cette dernière se faisait en communauté, doublée d’une grande fête.
Après la circoncision, dès l’âge de 18 ans, il faut que le jeune garçon passe le « Sô ». Le « Sô » constitue le véritable rite d’initiation du jeune garçon. Il constitue un test des capacités du garçon à être un véritable homme. Dès qu’il traverse le « Sô », le jeune homme entre dans le cercle des grands et peut bénéficier par ricochet des prérogatives exceptionnelles, notamment celle de manger la viande de vipère. Cependant, un aîné qui a raté le Sô est privé de ce privilège. On le voit, l’épreuve du Sô constitue une dérogation au principe de la primauté des aînés dans la tradition éwondo. Outre les rites ci–dessus, la tradition des Ewondo présente des mystères.
La société traditionnelle beti est une société riche de mystères. Les Ewondo n’étant pas « un empire dans un empire » pour paraphraser le mot de Spinoza ont aussi des mystères.
Dans l’ancien temps, les Beti étaient un peuple migrant. La plus grande légende est celle de la traversée de la Sanaga sur le dos d’un reptile.
Notre patriarche nous enseigne à ce propos : « Les Beti sont des peuples migrants qui ont rencontré les foulbés qui voulaient les prendre en esclavage. Fuyant les Foulbés, ils arrivent au bord de la Sanaga. Que faire ? Dieu aimant les Beti, il fit venir un serpent mythique pour leur venir en aide. Ils traversèrent la Sanaga sur le dos du long reptile. Les dernières tribus Beti qui traversaient, s’intéressant de savoir sur quoi ils traversaient, torchèrent le dos du reptile qui les renversa. C’est ainsi que certaines tribus Beti sont restées de l’autre côté du fleuve ». Personnellement réplique le patriarche : « Je ne crois pas au serpent mythique. Nous pensons que cette année, la Sanaga avait tari. Les Beti sachant garder les femmes et les enfants, avaient choisi de traverser le fleuve de nuit. En prétendant qu’ils avaient traversé la Sanaga sur le dos d’un reptile, ils ne voulaient pas que les femmes et les enfants reviennent chercher du poisson ».
Selon ce mythe, dans la Haute Sanaga étaient nés trois jumeaux. Après leur naissance, un criquet sortit du ventre de leur mère. Il se posa et les regarda d’un air affectueux. Les trois jumeaux fondèrent les familles Tabené, Dobobené, Namabené. Ces trois familles ne mangent pas le criquet ou le maïs que le criquet a mangé. Ils considèrent que le criquet est leur frère. Cependant, ils peuvent consommer le maïs sous la forme du vin. Ces familles Beti sont localisées de nos jours à Mbankomo.
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