En fait, Zamba, Zame, Zama… représente une divinité aux traits humains, pères des ancêtres. C’est lui qui régit la vie des hommes par les interdits. Il est présent dans de nombreux mythes et fables des multiples groupes beti.
- Les manifestations divines (hypostases)
En dehors de la représentation de Dieu, de Zamba, les autres divinités se manifestent également chez le Beti par des êtres divinisés.
a) La Terre et le Ciel :
La terre représente l’incarnation de la force, symbole de la rigueur. Elle est désignée pour cela par Simekoa (terre–et–pierre), appelée Ngoa, elle renvoie à la pierre personnifiée, la terre divinisée. Parfois, elle est appelée Akom – terre – meuble d’où part/jaillit une source. De tout ceci, il se dégage que la terre est divinisée par le Beti parce que représentant la force, la puissance, la maternité, la dépositaire de la vie car de l’eau également c’est la dernière demeure des hommes.
Quant au ciel appelé Yop, il suit également la personnification, car pouvant bénir, maudire, remplir de bonheur ou de malheur, en outre le ciel est considéré comme la demeure de Dieu en même temps, que nous l’avons vu, que le nom du « Dieu Cosmique » signifie soutien du Ciel. Terre et Ciel sont des hypostase divines.
b) Le Soleil et la Lune
Le soleil ou « Nlô dzôb » participe à la divinisation du ciel car littéralement il signifie « la Tête du Ciel ». Lors du rite So, les jeunes initiés l’appellent « tara » c’est–à–dire père. C’est le soleil qui indique le début de certains rites tel le « Melan ». C’est à la lune qu’un culte régulier était cependant réservé et pratiqué par les hommes car au cours du rite, les hommes étaient censés acquérir la puissance sexuelle. L’apparition de la nouvelle lune était en outre une occasion de se reposer, d’interrompre ses activités car elles risquaient d’être infructueuses. Cependant, on pouvait utiliser ce moment pour le rite propriatoire pour la pêche et la chasse.
c) L’Eclair, l’Arc–en–ciel, le Python
Ces phénomènes naturels participent de leur caractère divin à la considération de l’Etre suprême Ciel et Terre. Autant on craint l’éclaire car foudroyant autant on admire l’arc–en–ciel qui remplace la tempête et apaise.
L’Arc–en–ciel est également considéré comme le Ngan Medzâ ; serpent–python mythique ayant servi à traverser la Sanaga. Si on ne lui voue pas un culte, on reconnaît néanmoins sa puissance.
d) Le chiffre 9
Chaque civilisation au monde a son chiffre ou son nombre symbolique ; chez les Beti, ce chiffre c’est le 9 appelé « Ebùl ». Ce chiffre intervient dans les rituels, il permet d’accéder à la plénitude, atteindre l’absolu, il évoque l’absolu.
- Les ancêtres :
Ce sont les premiers hommes du village, du clan, de la tribu, de la famille qui « sont allés de l’autre côté de la vie ». Pour le Beti, la mort n’est pas la fin de l’homme mais plutôt son passage du monde des vivants « Emô milañ » ou « là où l’on veille la nuit en se racontant des histoires », au monde des Bekôn. Ce dernier est d’ailleurs tout proche du monde des vivants car les ancêtres continuent à vivre avec les leurs qui ne peuvent cependant les voir. Cette proximité des défunts explique que le Beti craint et respecte à la fois les ancêtres. Ainsi le rituel des funérailles permet au nouveau mort de mieux s’intégrer dans le village des défunts, parce que sinon, il va s’en prendre aux survivants. De même, on leur réserve une place d’honneur lors des réjouissances : boisson, nourriture. On dispose ses objets sur sa tombe : hache, lime, flèches… Respecter, les ancêtres participent à la paix et la prospérité des vivants. Ils viennent proposer des solutions aux problèmes, des remèdes aux maladies. Le vivant et l’ancêtre se côtoient dans tous les secteurs de la vie. Pour avoir une récolte abondante, on invoque les ancêtres, pour une pêche ou une chasse fructueuse, pour la pluie, le soleil.
- Les génies
Les génies étaient des esprits, des spectres, des lutins dont certains habitent les arbres, les cours d’eau et même les frontons de maisons. Ce sont des forces invisibles et dangereuses desquels le Beti devait se protéger, ou alors se rendre maître ; pour le bien et bien–sûr pour le mal. Ce sont les Bisiga, les Bivuga le Kô… pour les tenir loin des hommes, l’on les repoussait lors du rite So, grâce au chasse–mouche du chef qui était bourré d’un talisman poussant appelé abub. D’autres formes de génies étaient cependant domestiqués par les hommes ce sont les « mimkug » ou « bisen » qui s’incarnaient dans des animaux sauvages (serpent, panthère, aigle, épervier…) et qui éteint téléguidés par le propriétaire grâce à des objets d’apparence inoffensive tel lance, chasse–mouche ou l’herbe ayañ Liliacée (oignon–protecteur) ou toute autre forme de nguid (talisman). L’efficacité de tout ceci dépendant bien évidemment de l’ « évu » pouvoir ou puissance de la sorcellerie du propriétaire.
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